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NOA NOA

L’Aroaï tonnait dans la nuit du déluge,
Inaccessible et seul, phare, temple, refuge,
Parmi l’horreur de l’épouvantable marée,
Et, lui dédiant leurs âmes désespérées,
Quelques uns, les meilleurs de tes fils, race impie,
Race oublieuse du vrai chemin de la vie,
À teignirent la Cime et purent voir encore
Sur l’abime des eaux se lever les aurores.

Bientôt recommença la coutumière extase :
Lumière ! Amour ! Bientôt le seuil fleuri des cases
Sonna du rire clair des enfants. L’Île Heureuse
Respirait au nouveau la lumière amoureuse,
Et du sommet sacré les Dieux veillaient sur elle.
Car elle fut durant de longs âges fidèle,
Et, gravissant aux jours marqués la cime rude,
À me Invisibles de la haute solitude
Les générations longtemps, selon le rite,
Versèrent le flots des libations prescrites.