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liers, aux bras, aux côtés du corps, aux épaules, aux jambes et aux chevilles.

Du loin d’autrefois, du Matamua des Aréoïs, cette scène maorie : l’intronisation d’un roi.

Le nouveau chef sort de son palais, revêtu d’ornements somptueux, entouré des principaux de l’Île, précédé des Maîtres Aréoïs, qui portent dans leurs cheveux les plumes les plus rares.

Il se rend avec son cortège au maraë.

En l’apercevant, les prêtres, qui l’attendaient sur le seuil, proclament à grand bruit de trompettes et de tambours que la cérémonie commence.

Puis, entrant avant le roi dans le temple, ils placent une victime humaine, morte, devant l’image du Dieu.

Le roi et les prêtres récitent et chantent ensemble des prières ; après quoi, le prêtre arrache à la victime les deux yeux. Il offre l’œil droit au Dieu et l’œil gauche au roi : celui-ci ouvre la bouche comme pour avaler l’œil sanglant, mais le prêtre le retire aussitôt et le joint au reste du corps  [1].

  1. On ne peut méconnaître le sens symbolique de ce rite, claire interdiction de l’anthropophagie.