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mort était un austère et vivifiant enseignement. Les guerriers y apprenaient le mépris de la douleur et la nation tout entière y trouvait le bénéfice d’une intense émotion qui la défendait contre l’engourdissement tropical, qui la suscitait des langueurs de la sieste perpétuelle. Le fait historique est que, du jour où fut abrogée la loi du sacrifice, les Maories commencèrent à décliner et finalement perdirent toute vitalité morale et toute fécondité physique. — Si cela n’est pas la cause de ceci, du moins la coïncidence reste inquiétante.

Et peut-être, plus haut encore, les Aréoïs avaient-ils compris la vertu profonde, la nécessité symbolique du Sacrifice..

Dans la société des Aréoïs, la prostitution était une obligation sacrée. Nous avons changé cela. Non point qu’à Tahiti, depuis que nous l’avons comblée des bienfaits de notre civilisation, la prostitution ait cessé : elle prospère. Mais elle n’est plus ni obligatoire ni sacrée. Elle est, simplement, sans excuse et sans grandeur.

La dignité ecclésiastique se transmettait de père en fils, et l’initiation commençait dès l’enfance.

La Société était divisée, à l’origine, en douze loges, qui avaient pour grands maîtres les douze premiers Aréoîs. Puis venaient des dignitaires de second ordre et enfin des apprentis. Les divers grades se distinguaient par des tatouages particu-