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que la lumière et la chaleur ne cessent de faire subir à ces mêmes éléments. Mais, une fois le phénomène accompli en, vue duquel les deux courants universels s’étaient rejoints, — dans le fruit la cause génératrice et la matière fécondée, dans le mouvement la force motrice et l’objet mu, dans la vie l’esprit et la matière s’unissent et se confondent : et l’univers, aussitôt créé, n’est que la coquille de Taaroa !

En second lieu, selon les conclusions du dialogue de Téfatoui avec Hina, l’homme et la terre périssent, tandis que la lune et l’espèce qui l’habite se perpétuent. Si nous nous rappelons qu’Hina représente la matière, — en qui, selon le proverbe scientifique, « tout se transforme et rien ne périt, » — nous penserons que le vieux sage maorie, l’auteur de cette légende, en savait là-dessus autant que nous. La matière ne périt pas, c’est à dire qu’elle ne cesse pas d’avoir ses qualités sensibles. L’esprit, au contraire, et cette « matière spirituelle », la lumière, subissent des intermittences : il y a la nuit, il y a la mort, où se ferment les yeux, de qui semblaient irradier les clartés qu’ils réfléchissaient. — L’esprit, ou la plus haute manifestation actuelle de l’esprit, c’est l’homme : « L’homme mourra… Il mourra pour ne pas revivre… Et l’homme dut mourir. » — Mais quand l’homme et la terre, ces fruits de l’union de Taaroa avec Hina, auront péri, Taaroa, lui, est éternel, et nous sommes avertis que la matière, Hina, conti-