Page:Noa noa - 1901.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
NOA NOA

selon les connaissances européennes quelques phénomènes de la nature.

Les étoiles l’intéressent beaucoup. Elle me demande comment on nomme en français l’étoile du matin, celle du soir, et les autres. Elle a peine à comprendre que la terre tourne autour du soleil…

Elle me nomme les étoiles dans sa langue, et pendant qu’elle parle je distingue, à la propre clarté des Astres, qui sont les Divinités elles-mêmes, les formes sacrées des Maîtres maories de l’air et du feu, des Îles et des eaux.

Les habitants de Tahiti, aussi haut qu’on puisse remonter dans leur histoire, ont toujours possédé des connaissances assez étendues en astronomie. Les fêtes périodiques des Aréoïs — membres d’une société secrète, à la fois religieuse et militaire, qui régna sur les Îles et dont je vais avoir l’occasion de parler — étaient fondées sur les évolutions des astres. Les Maories semblent même n’avoir pas ignoré la nature de la lumière lunaire. Ils supposaient que la lune est un globe sensiblement pareil à la terre, habité comme elle, riche en productions analogues aux nôtres.

Ils évaluaient à leur manière la distance de la terre à la lune : — La semence de l’arbre Ora fut apportée de la lune Sur la terre par un pigeon blanc. Il lui avait fallu deux lunes pour atteindre le satellite, et quand, après deux autres lunes,