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NOA NOA

tu verrais, à mesure que la clarté du ciel déserterait tes yeux, dans la nuit des fourrés, la forme épouvantable et grandiose luire.

Une lumière propre émane d’Elle ; d’une lumière inféconde, qui brille sans produire de chaleur et qui n’éclaire que ses pas, dans la nuit effrayante, dans la nuit des fourrés, Hina des Bois rayonne.

Regarde longtemps.

Elle est là :

Furieuse, roulant du feu sous ses paupières,
Et serrant de ses deux lourdes mains de guerrière
Contre son ventre qu’il déclare un louveteau,
Nue, avec ses cheveux pour somptueux manteau,
Chaste, aux sa chevelure voluptueuse,
Hina des Bois, monstrueuse et majestueuse,
Ivre d’orgueil, de rage et de douleur, Hina
La Chasseresse ! Hina du sang et de la mort ! —
L’Effort tend ses nerfs, gonfle ses veines. Farouche.
Affreuse, le front bas, de l’écume à la bouche,
Et les dents longues qui broient à vide : mais rois
Quel sublime incendie allument dans les bois