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NOA NOA

IV

Moi, maintenant vraiment Moi, franc d’exil et le fils adopté de la Mère Délicieuse, je sais bien des choses, — et je sais comment il convient d’honorer la Lune, — (après le Soleil, Dieu suprême et l’essence inaltérable des Grands Dieux) — comment il convient de peindre son image et de la sculpter, afin que les hommes aiment la Déesse, la redoutent et lui rendent hommage.

Elle est diverse, mais belle également dans sa fureur et dans sa tendresse.

Il faut célébrer d’abord Hina la Chasseresse : Hina du sang et de la mort.

Dans la nuit effrayante des fourrés où rampent les lianes rousses, — Elle habite.

Le jour ne viole jamais cette retraite et nul bruit de la vie ne vibre de là, nul bruit, même alors que la Déesse bondit, prend sa course et s’emporte à travers les halliers. Elle est taciturne, et, sous ses pieds cruels, la terre épouvantée se tait.

Si tu regardais longtemps au fond de l’ombre, Elle est là ;