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NOA NOA

Flots, ô forêts, ô fleurs folles d’être vivantes
Vous êtes l’épanouissement du passé,
L’épanouissement des germes entassés
  Dans les profondeurs des tombes ferventes.
Et toi, race dorée, ô radieuse encore !
  Le dernier reflet d’un rayon perdu
Mêle un charme fané a tes gloires d’aurore,
  Et fait bien souvent, hélas ! entendu
Dans l’iméné des soirs, dans ta voix jeune et forte,
  Le refrain mourant d’une chanson morte.

Extases de la vie, amours, clartés, parfums,
Réalités plus belles que toutes rêvées,
  Vous êtes les fleurs de jardins défunts :
Elles furent d’un sang héroïque abreuvées
          Qui ne coutera plus —
Chansons mortes ! Rayons perdus !