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NOA NOA

Une grande noce eut lieu à Mataïéa, — la vraie noce, la noce religieuse et légale, que les missionnaires s’efforcent d’imposer aux Tahitiens convertis.

J’y fus invité, et Téhura y vint avec moi,

Le repas fait, à Tahiti — comme ailleurs, je crois — le fond de la fête. À Tahiti, du moins, on déploie dans ces solennités le plus grand luxe culinaire. Petits cochons roiis sur des cailloux chauds, incroyable abondance de poissons, maïoré, bananes et goyaves, taro, etc.

La table, où un nombre considérable de convives étaient assis, avait été placée sous un toit improvisé, que décoraient gracieusement des feuilles et des fleurs.

Tous les parents et tous les amis des deux époux étaient là.

La jeune fille — l’institutrice de l’endroit, une demi-blanche — prenait pour époux un authentique Maorie, fils du chef du district de Punaauïa. Elle avait été élevée dans les « écoles religieuses » de Papeete, et l’évêque protestant, qui s’intéressait à elle, s’était personnellement entremis pour conclure ce mariage, que plusieurs trouvaient un peu hâtif. — Là bas, ce que missionnaire veut, Dieu le veut…

Toute une heure durant, on mange, on boit — beaucoup.