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NOA NOA

Téhura, avec un sourire où je crus démêler de la malice, me demanda :

— Tu n’as pas eu peur ?

Effrontément, je lui répondis :

— Nous autres Français, nous n’avons jamais peur.

Téhura ne manifesta ni pitié ni admiration. Mais je m’aperçus qu’elle m’épiait du coin de l’œil pendant que j’allais, à quelques de là, lui cueillir des tiaré odorantes pour les planter dans la brousse de ses cheveux.

La route était belle, la mer, superbe. En face de nous, Moréa dressait ses mornes altiers et grandioses.

Qu’il fait bon vivre ! Et de quel vaillant appétit on dévore, au retour d’un bain de deux heures, le petit cochon savamment préparé qui vous attend au logis !