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NOA NOA

sité profonde où luit le blanc ruban d’une source au delà d’un bouquet bas et large, — vers la grotte fraîche où bruit doucement la Source — Papemoë — la Source Mystérieuse ; et c’est, soudaine, la présence réelle !

Un jeune être, penché, perché sur d’imperceptibles degrés taillés par le temps dans le mur stratifié de la montagne que la forêt habille de pourpre, un bel être nu boit dans sa main, à la source mystérieuse, à la source sauvage comme lui. Et l’artiste frémit dans son âme devant cette apparition qui lui révèle la vie secrète, le secret vivant de la Foret, de la Montagne, de l’Île.

Mais la jeune fille, avertie par la complicité fraternelle, autour d’elle, des choses qui lui dénoncent le témoin, se détourne, voit, et d’un essor léger s’efface sur le rideau des feuilles et des ramures qui s’entrouvrent à sa fuite, et se referment silencieusement, impénétrablement.

La Source mystérieuse continue sa plainte, pure comme une voix de femme. Parmi les senteurs vives dont est chargé l’air, s’exhale et domine, enivrant, l’esprit même, l’esprit parfumé de l’île Heureuse : Noa Noa.

III.

Matamua !

Il fut un temps, il fut, très jadis, un temps de gloire natio-