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NOA NOA

quand on vous aime vous partez ! C’est pour revenir, assurez vous ; mais vous ne revenez jamais.

— Eh bien ! je puis jurer, moi, que mon intention est de revenir, cette fois. Plus tard (je n’osai mentir), plus tard, je verrai.

Enfin on me laissa partir.

M’écartant du chemin qui suit le bord de la mer, je prends un étroit sentier, à travers un fourré profond. Le sentier me conduit assez loin dans la montagne, et j’atteins, au bout de quelques heures, une petite vallée dont les habitants vivent à ancienne mode maorie.

Ils sont heureux et calmes. Ils rêvent, ils aiment, ils sommeillent, ils chantent, — ils prient, et il ne semble guère que le christianisme ait pénétré jusqu’ici. Je vols distinctement, bien qu’en réalité elles aient depuis longtemps disparu, les statues de leurs divinités. Statues d’Hina, surtout, et [ètes en l’honneur de la déesse lunaire ! L’Idole, d’un seul bloc, a dix pieds d’une épaule à l’autre et quarante pieds de hauteur. Sur la tête elle porte, en forme de bonnet, une pierre énorme ; de couleur rougeâtre. Autour d’elle on danse selon les rites d’autre t’ois — matamua — et le vivo varie sa note, claire et gaie, mélancolique et sombre, selon la couleur des heures…

Je continue ma route.