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NOA NOA

      J’étais la bonté de la terre
      Aux jours heureux : de tes ancêtres,
      Écoute le vieux solitaire
      Demander grâce aux nouveaux maîtres

      Écoute et vois : mille ans de gloire
      Consacrent mes tremblante branches.
      Respecte les ramures noires
      Comme les chevelures blanches.

      Tes pères à mon ombre auguste
      Sont nés. Jeune homme à la main rude,
      Du fond de leur tombeau ces justes
      Maudissent ton ingratitude.

      Mon abri leur fut tutélaire
      Quand les nuages étaient sombres ;
      Dans la chaleur des heures claires
      Ils aimaient dormir à mon ombre.

      L’amour y commença le rêve
      Que la science y vint poursuivre
      Et c’est aux sources de ma sève
      Qu’ils ont bu l’ivresse de vivre.