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Ce fut, au contraire, la restauration des vieilleries, des folies maladives d’une société épuisée. Pathologie littéraire, philosophique et sociale qui s’est, durant tout le cours du siècle, développée au point qu’à l’heure présente on en a la nausée.

Je redescendais du laboratoire avec tout un cours de littérature dans la tête : il s’agissait d’établir qu’il y a chez nous, de deux en deux siècles, cette alternance non encore signalée.

XVIe. — Grande littérature, grand siècle artistique et philosophique. Élan universel !

XVIIe. — Petite littérature. Littérature d’école et d’écoliers, où pourtant se laissent prendre des hommes de grand talent. Seuls Molière et La Fontaine échappent. Quelques autres, Saint-Évremont, Bernier, Hénault, renoncent aux lettres, ou même quittent la France.

XVIIIe. — Grande littérature, grande philosophie. Grande action.

XIXe. — Rechute en littérature mesquine n’ayant plus d’autre objet que la forme, la phrase, le mot, etc.

Les développements de ce nouveau cours m’enchantaient… Je marchais à grands pas, lançant du pied les cailloux comme si ces malheureux cailloux avaient été gens de lettres. Je triomphais en me reconstituant pour le XXe siècle une grande littérature