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lui, si malade, si névrosé, quitter sa solitude de Croisset pour aller de temps en temps se détraquer dans le monde fou et faux de nos lettrés contemporains. Il s’y enfonça, dans son amour insensé du style, jusqu’à en devenir maniaque. Et George Sand plus d’une fois le lui reprocha.

Flaubert fut de ceux qui croient que les mots patiemment arrangés suffisent au style. Le style n’a-t-il pas plutôt sa source dans une émotion sincère ? Motus animi continuus ? C’est un mot de Cicéron que rappelait quelquefois Michelet… Et voilà comment, lui, ce brave Flaubert, de tempérament si large, si ouvert, si plein d’inspirations généreuses, il en était venu à ces étroitesses artistiques.

Ses admirations pour des médiocrités, son inintelligence d’hommes tels que Proudhon, — même en ne considérant celui-ci que comme écrivain — son dédain des sciences positives, ses yeux fermés à tant de grandeur, sa méconnaissance native et bourgeoise de la valeur, de la moralité des simples, regardés par lui des hauteurs de son lyrisme, ses compromissions catholiques, impérialistes, etc., le fla-fla funambulesque, l’orgueil introduit comme un corps étranger dans son âme candide et loyale, voilà ce que lui valurent ses hantises avec la gent littéraire.

Il n’y trouva que trop le châtiment. Ses colères d’enfant contre le chansonnier populaire font sourire.