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duire un phénomène étrange de physiologie sociale, auquel on n’a peut-être pas assez pris garde.

Les individus, cessant à ces heures d’être seulement eux-mêmes, n’agissent plus sous la seule influence de leur tempérament propre et de leur propre pensée. En eux, tout à coup, surgit quelque chose du tempérament de la foule, dont les plus suggestionnés, les plus ensorcelés, deviennent les représentants généreux ou terribles ; suggestion exercée par la foule sur les individus.

Le cardinal de Retz n’a-t-il pas indiqué cela quelque part ?

On a dit de plusieurs hommes de la Révolution qu’ils n’avaient été que les instruments inconscients de la colère du peuple. Il n’est pas bien prouvé que quelques-uns n’aient été d’abord, dans leur vie propre, des hommes d’humeur pacifique.

Le père de M. Delzeuzes avait beaucoup connu le Marat d’avant la Révolution. C’était, selon lui, un homme aimable et doux.

La même observation a été faite à propos de Robespierre, qui semblait ne s’être nourri que de berquinades avant de s’enflammer à la lecture de Jean-Jacques.

Un portrait antérieur à la Révolution le représente un œillet à la boutonnière, avec une devise toute florianesque.