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habitué à faire ma prière matin et soir ; à plus de vingt ans cela durait encore. La crainte de l’affliger m’avait fait prolonger jusque-là cette soumission. J’y mis fin pourtant et, à ma grande surprise, ma mère ne dit mot, comprenant sans doute qu’une telle habitude jurait trop avec des idées que je ne dissimulais nullement et qui étaient celles de mon père.

Plus tard, quand elle me vit ne pas me marier à l’église, ne pas faire baptiser les enfants, elle me dit :

— Tu fais ce que tu veux pour toi, pour ta femme et tes enfants ; je demande seulement que pour moi tu fasses selon mon désir. Promets-moi que tu feras venir un prêtre à mes derniers moments.

Je le lui promis et j’ai tenu parole. Elle-même d’ailleurs, la veille de sa mort, me rappela ma promesse.

— Quel prêtre veux-tu que je te fasse venir ?

— Je n’en connais aucun ; celui que tu voudras.

J’avais entendu parler favorablement d’un vicaire, jeune encore, assez agréable de sa personne (quoique depuis il soit devenu très laid), et que nous avions connu enfant : l’abbé X***.

Je le fis venir et le laissai seul avec la pauvre mourante, déjà suffoquée par la congestion pulmonaire qui allait l’enlever, mais ayant encore toute sa présence d’esprit.