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d’autres encore et toujours, sans fin, sans arrêt dans la mutabilité.

Faites donc, gens d’aujourd’hui, des généalogies, et reconnaissez, si vous le pouvez, à cent mille ans de distance, vos ancêtres et vos petits-fils.


VII


Un bon souvenir me revient :

C’était au mois de juin 1872. Nous habitions le Boisguillaume. M. Pouchet et Georges étaient venus nous voir, suivis d’une toute jeune et très jolie biquette.

La conversation entre Georges et moi s’engagea, à propos de cette biquette, sur les changements qui pourront d’ici à cent mille ans se produire dans toute l’animalité. Nous donnions cours à notre imagination, arrangeant à notre fantaisie le monde de ce temps-là. Notre ardeur pour le transformisme nous faisait mettre gaillardement toute la faune à la refonte. Pouchet père, la main rabattue en conque sur l’oreille, essayait de suivre la conversation, mais n’arrivait à saisir qu’un mot de temps en temps, malgré nos efforts de voix. Comme il venait d’entendre que dans cent mille ans toute l’animalité serait transformée, il dit, s’adressant à Georges, avec un sourire de profonde incrédulité :