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après notre installation au Tot). Malgré les soixante-dix ans dont elle devait approcher, sa beauté de vieille me saisit. Surmontant un front superbe, d’abondants et fins cheveux blancs encadraient son visage frais et pur jusqu’à la transparence.

Les yeux scintillaient vifs et pénétrants. La bouche souriante était bonne, vraie et sûre. Voix vibrante, agréablement timbrée, geste net et loyal.

Maîtresse femme d’un maître homme qui, simple fermier cauchois, avait su partout se faire respecter, tante Hilaire était la personne considérée dans la famille ; elle avait d’ailleurs été un peu la mère de ses onze frères et sœurs. Toute la parenté ne jurait que par elle : ses décisions, ses avis faisaient loi, même pour son homme, tout maire qu’il était de sa petite commune.

Des bonnes femmes comme ça, j’en ai connu cinq ou six ; cela suffit pour que toute une vie en reste éclairée.

Une sœur de ma mère, et son aînée de trois ou quatre ans, tante Adélaïde, fut aussi une jolie personne d’un très vif et très amusant esprit, mais esprit mordant et sarcastique.

Les mots à l’emporte-pièce qu’elle ne sut jamais retenir et les commérages qu’elle aimait, amenèrent dans la famille des zizanies dont elle fut la première à souffrir, jusqu’à en devenir presque folle.