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Il y a du bon et du divin en lui comme dans la nature.

N’y aurait-il pas pour toute vie quelques vieilles et chères figures dont le souvenir reste comme un réconfort exquis.

Parmi les inoubliables et les inoubliés de mon enfance, cœurs d’or, esprits sains et droits qui pour toujours devaient donner à ma jeune cervelle un peu de confiance en la nature humaine, j’aime à me rappeler surtout ma tante Hilaire, une sœur de mon père et de beaucoup son aînée ; entre elle et lui étaient nées neuf autres filles et un premier garçon. Je ne la connus que déjà mère de grands enfants, alors que j’avais au plus cinq ans. Je me rappelle avec délices les bons petits galuchons qu’elle tirait de son four, en dirigeant pour un jour de gala la cuisson de ses viandes.

Dans la besace des pauvres qui se présentaient à la ferme, je la vois encore fourrant de grosses miches. On eût dit qu’une fée semait autour d’elle l’abondance. Il y avait toujours dans ses poches quelque chose à donner aux petits et aux vieux.

Ceci remonte à ma plus lointaine enfance ; mais j’avais de vingt-cinq à vingt-six ans quand je vis tante Hilaire pour la dernière fois (peu de temps