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Il en sera peut-être de même des grandes catastrophes et des grandes révolutions prédites par tout le monde et qui semblent, en effet, nous menacer. Nombre de transformations se sont accomplies sans révolutions, sans catastrophes et sans tremblements de terre, de même que se sont produites, selon M. Lyell, les transformations géologiques.

Le peu à peu est la grande loi du monde. Peu à peu les continents se sont modifiés, transportés, défaits, refaits.

Peu à peu s’est faite et se continue la transformation de tout l’ordre social, sans en excepter même la propriété et la famille. Ce que nous prophétisaient bruyamment de 1830 à 1840 les plus hardis socialistes, Proudhon à leur tête, nous le voyons aujourd’hui dépassé de beaucoup en ce qui concerne la propriété, sans bouleversement soudain, sans cataclysmes, et par la seule loi du peu à peu.

Au pauvre spectacle donné par les politiciens qui, de l’avant ou de l’arrière, prétendent diriger les choses, l’écœurement devient général. Je le partagerais si le souvenir de cœurs droits, de vaillants esprits connus autrefois et maintenant encore, ne me conservait l’assurance que l’homme n’est pas toujours méprisable.