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Depuis plusieurs jours, aux bonnes heures, le soleil brille comme en été. Dumesnil m’écrit qu’il en profite pour de réconfortantes promenades et je me rappelle avec délices mes courses d’autrefois, en plein hiver, dans les bois du Tot, de Clères, de Mont-Cauvaire, de Cordelleville et du Rombosc.

Je suis à lire quelques chapitres du livre d’Armand Perrier : Les Colonies animales.

Ce livre très intéressant quoique trop gros, réveille je ne sais comment les rêveries de mon enfance, lorsque, dans le petit jardin de la rue Saint-Hilaire, je regardais si curieusement vivre les plantes et les bêtes…

Toute mon existence n’a été que la prolongation des rêveries d’alors, n’ayant jamais pu secouer les habitudes cérébrales prises à cet âge de me livrer à une sorte de demi-ivresse ; c’était le besoin sinon de comprendre la vie, au moins de l’admirer, de l’adorer. C’était comme une prière éternelle, non pas prière de demande et de supplication, mais plutôt action de grâce. Je sentais ou croyais sentir en ce