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XXXI


Je me suis expliqué, ces derniers temps, la moralité certainement supérieure des paysans d’autrefois comparés à ceux d’aujourd’hui. La Grande Révolution, encore peu éloignée, avait, en rendant l’espérance aux humiliés de vingt siècles, relevé chez eux le courage et la dignité. Ils se sentaient sur le point de devenir hommes, au moins par leurs enfants ; cela leur en faisait prendre la bonne tenue.

Les deux règnes cafards de la Restauration avaient peut-être un peu amoindri ces bons effets, mais l’espoir restait, et 1830 l’avait ravivé.

Pour détruire cette élévation de l’âme populaire, il a fallu cinquante ans de bourgeoisisme, d’empoisonnement moral, de folie inoculée par un travail écrasant, par l’alcool, par les livres d’église, etc.

Voilà pourquoi, ces heureux paysans de 1842, je ne les retrouverais plus aujourd’hui et ne pourrais plus les montrer à Michelet écrivant son livre : Le peuple, comme je les lui montrais alors…

Paul a rencontré, à Troyes, des apiculteurs qui, s’inspirant de la doctrine darwinienne, arrivent à perfectionner en longueur la langue des abeilles.