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doute que personne au monde s’en soit plus que moi tenu à l’écart.

Depuis cette élection, depuis celle du premier Président de la République, où mon père et moi votâmes pour Lamartine, je m’en suis toujours tenu au bulletin blanc et même à l’abstention. Manquement au devoir peut-être, mais dont un grand dégoût fut le point de départ.

Nous avions pris très au sérieux, mon père et moi, ce premier essai du suffrage universel. On votait au scrutin de liste et l’on avait sur chaque bulletin dix-neuf noms à écrire. Après quinze jours de recherches, de renseignements demandés à tous, nous ne jugeâmes acceptables que onze des candidats portés sur les différentes listes.

Nous bornâmes notre vote à ces onze candidats choisis avec tant de soin.

Joliment renseignés que nous étions ! il se trouva parmi ces onze un repris de justice. Ce candidat obtint d’ailleurs la majorité et fut élu, pour se voir immédiatement exclu de l’Assemblée.

Oh ! quels cris poussés par les 600 honorables quand ils apprirent (ô ciel !) qu’il y avait parmi eux un voleur !

D’autres souvenirs me reviennent à la lecture du manuscrit Leblanc : et le médecin Châtel, sur son grand cheval, traversant au galop les villages effrayés !