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Quels échantillons de la bêtise bourgeoise, du néant de ces conservateurs de la Religion, de la Famille, de la Morale et de la Propriété.

F. Leblanc parle très bien de l’inoubliable 23 avril, jour de l’élection et jour de Pâques, où nous vîmes si gaiement l’église supprimer la grand’-messe pour permettre aux électeurs d’aller voter au canton tous ensemble, et pour que les curés eux-mêmes n’y manquassent pas… Quelques-uns marchaient en tête, et la foule, en plusieurs endroits, prit l’aspect d’une procession.

Le temps était superbe et nous eûmes au Tot le très joli spectacle des sept cents électeurs de Monville se rendant à Clères, avec drapeaux et musique. Levallois, encore collégien, était justement à passer à la maison ses jours de vacances.

Nous allâmes, mon père et moi, voter, et l’on nous retint au scrutin, dont le dépouillement dura tout le soir, toute la nuit et toute la matinée.

Nous y restâmes sans broncher ; c’est la seule nuit de ma vie passée sans interruption au travail.

Cette soirée, cette nuit, cette matinée employées au dépouillement d’un scrutin, du reste assez compliqué, auront été comme action le fait capital de ma carrière politique. J’ai donné depuis à la politique bien des pensées, peut-être bien des paroles vaines, mais jamais plus je ne m’y suis mêlé d’action, et je