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toujours est un rapetissement des choses ! Le mot ne rapetisse pas seulement, il altère les choses. Il est une source de désaccord entre les hommes qui ont inventé les mots pour s’entendre, et qui ne s’entendent pas justement parce qu’il y a des mots ; témoin le mot Dieu. »

Ernest Chesneau :

« Je viens de passer quelques instants délicieux à lire Moi, et cette joie, je me promets bien d’y revenir. Je ne m’engage pas dans le fond de la question, j’admire même le sans-façon avec lequel vous l’abordez, cette question du moi et du non moi, que le génie d’un Hegel a su rendre terriblement absurde ; vous, parrain, vous jonglez avec ces formidables haltères comme avec des pois chiches.

» Adorable candeur, vous passez d’une palpitation d’aile comme une libellule à travers les toiles d’araignées que les philosophes redoublent et multiplient depuis Platon autour de ce point d’interrogation : Peut-on penser sans mots ? Pour vous, d’un trait de plume vous coupez court à toute discussion à ce sujet.

» Saviez-vous que le problème de l’identité de la pensée et de la parole fît l’objet, en ce moment même, d’une vive polémique parmi les philosophes anglais ? Si vous lisez l’anglais, je vous signale l’article du duc d’Argyll, dans le numéro de décembre