Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.

grand observateur m’a singulièrement ému et revivifié.

Que l’histoire naturelle est belle et féconde, ainsi exposée avec simplicité et vérité !…

Par disette ou par anémie cérébrale, il m’arrive de suspendre la rédaction de ces notes. Je relis alors les anciennes et j’y vois en pleine coïncidence l’infinie variété de faits, d’impressions, émotions, réflexions, qui peuvent composer une existence humaine.

Et pourtant, quelle vie moins tumultueuse, moins agitée, moins remuante et plus stationnaire que la mienne ! Nul voyage, nul roman ! Il est très probable qu’aucun de mes contemporains ne s’est mû dans un plus petit espace. Si on mettait en vue sur une carte géographique l’étroitesse du coin où je me suis tenu, il n’y aurait qu’une exclamation de moquerie méritée pour une existence ainsi immobilisée.

C’est un peu à moi que je pensais lorsque j’écrivais, pour le Magasin pittoresque, l’Histoire d’un homme qui n’a jamais rien vu.

Alors que tous prenaient si bien leur essor et parcouraient d’ici, de là, de partout, la terre, les mers, les espaces aériens ouverts enfin à notre curiosité,