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Note O

…comme M. Pécaut, comme M. Belot, comme M. Parodi.

M. Thibaudet opposant dans la République des professeurs Barres à Lagneau disait : « L’essentiel de cet enseignement de Lagneau c’était ceci qu’en même temps que Lagneau et tout Lagneau, il figurait, exemple autorisé et parfait, cette élite du clergé universitaire que sont nos professeurs de philosophie.

Ou plutôt demi-clergé. Il y a dans la vocation philosophique un principe analogue à la vocation sacerdotale. Quiconque a préparé l’agrégation de philosophie, même s’il est devenu maquignon parlementaire ou administrateur de banque douteuse, a été touché, à un certain moment, comme le séminariste par l’idée que la plus haute des grandeurs humaines est une vie consacrée au service de l’esprit et que l’université met au concours des places qui rendent ce service possible. Plus qu’au clergé romain, on pourrait, ce demi-clergé, le comparer au pastorat… »


Ce qui fait l’autorité dont se colore si aisément la parole du prêtre, c’est la haute idée qu’il a de sa mission ; car il parle au nom d’un dieu dont il se croit, dont il se sent plus proche que la foule des profanes. Le maître laïc peut et doit avoir quelque chose de ce sentiment. Lui aussi, il est l’organe d’une grande personne morale qui le dépasse : c’est la société. De même que le prêtre est l’interprète de son dieu, lui, il est l’interprète des grandes idées morales de son temps et de son pays. Qu’il soit attaché à ses idées, qu’il en sente toute la grandeur, et l’autorité qui est en elles et dont il a conscience ne peut manquer de se communiquer à sa personne et à tout ce qui en émane.

E. Durkheim, Éducation et Sociologie.

« Mais si l’Ecole primaire occupe dans la vie nationale une place si considérable, c’est à cause de l’esprit qui anime le corps des instituteurs… Le corps primaire… a les caractères, les ambitions d’un corps spirituel ; il se sent investi d’une mission et appelé moins à servir l’Etat qu’à se servir de lui… »

D. Halévy, Décadence de la Liberté.