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phenomenon et homo nooumenon, homo economicus et homo politicus, mais le manœuvre avec trente francs par jour et le monsieur qui habite les Champs-Élysées, la fille qui va au cours Villiers et celle dans le XIIIe dont les règles sont retardées. Je ne sors pas de là : je ne rencontre pas homo nooumenon, mais je vois la figure de Tardieu et ensuite je lis un rapport sur le travail forcé. Ces existences me paraissent poser des questions réellement philosophique : mais le conflit de la Raison constituante et de la Raison constituée me donne envie d’aller rigoler à la campagne.

La Philosophie va-t-elle demeurer longtemps un ouvrage de dames, une broderie de vieille fille stérile, la Revue de Métaphysique une rivale de la Femme chez Elle, une bâtarde de la Maison Tedesco ?

Même quand les philosophes ne s’intéressent pas aux hommes, ces mauvais coucheurs s’occupent de la Philosophie. Ils ne sont pas à l’aise dans le ciel des Idées, les Lieux Intelligibles leur donnent un malaise. Ils se demandent ce que telle philosophie signifie pour eux, quelle vie résulte de la mise en vigueur de telle affirmation sur le destin des hommes. Quand les philosophes traitent de l’Esprit et des Idées, mais non des aventures, des malheurs, des événements des jours, ceux à qui les aventures arrivent, qui rencontrent les événements n’aiment pas cette sérénité. Finalement ils ont le dernier mot sur la philosophie, qu’ils ont d’abord pesée au nom des conséquences humaines.

Ainsi Anytus juge Socrate. Ainsi Lénine juge l’empiriocriticisme.


VI


Lénine a mis la main sur l’argument. Bien qu’il ne pensât pas à la philosophie, sa pensée lui est exactement applicable :