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objets. Classons autrement les philosophes qu’avec les lumières de l’intelligence. Elle sert à tout : cette femelle couche avec n’importe qui. Intelligence utile au vrai, au faux, à la paix, à la guerre, à la haine, à l’amour. Elle renforce avec une indifférence d’esclave les objets auxquels elle s’asservit. Les gardiens de prison sont aussi intelligents que leurs prisonniers. L’intelligence peut servir des philosophies de la libération, de l’écrasement, des philosophies absolutistes et des philosophies démocratiques en ce qui concerne l’existence des humains. On peut être très intelligent en faveur des hommes et contre eux. Ce n’est pas cette servante qui permettra de donner des définitions univoques de la Philosophie.


III


D’autre part, il y a des oppresseurs et des opprimés, des gens qui profitent de l’oppression et des gens qui sont malheureux à cause d’elle.

Lorsqu’il en est ainsi dans le monde, la Philosophie comporte une division. Elle se divise grossièrement, je pense grossièrement cette division, bien que les bourgeois disent que la grossièreté des divisions est un péché contre l’esprit. Seuls les bourgeois ont véritablement besoin de subtilité dans leurs divisions, de profondeur apparente dans l’esprit. Ils doivent se dissimuler derrière une belle nuée : M. Marcel, M. Brunschwicg, M. Wahl marchent derrière des nuages comme des dieux, et encore comme des seiches. L’épaisseur du nuage marque la profondeur de la philosophie : d’aucuns trouvent que M. Rey n’est pas profond, parce que son nuage n’est qu’un brouillard. On voit ses malices du premier coup. Mais M. Chartier est profond : on ne voit pas derrière son nuage le fil de ses malices couleur du temps. Derrière les nuages, les philo-