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Par suite de retards dans la marche, les troupes n’arrivèrent en position qu’à quatre heures du soir, et les Allemands eurent ainsi tout le temps d’amener des forces sur le point menacé. Le combat se prolongea pendant la nuit ; il reprit le lendemain au lever du jour. À midi, le maréchal donna, comme le 26 août, l’ordre de rentrer dans les camps.

Environ 3 500 hommes furent mis hors de combat de part et d’autre.


Quelques jours après, des rumeurs inquiétantes commencèrent à circuler. On disait, d’une manière vague, qu’une grande bataille avait été perdue par le maréchal de Mac-Mahon, que l’Armée de Châlons tout entière et l’empereur Napoléon étaient prisonniers, qu’une révolution avait éclaté à Paris, et que la République était proclamée.

Ce fut une stupeur générale.

Sous prétexte d’échanges, l’ennemi avait renvoyé à Metz quelques-uns des prisonniers de Sedan, et c’est eux qui apportaient ces navrantes nouvelles.

Personne ne pensait alors que Paris pourrait résister à un siège, et il ne restait plus en France aucune armée à opposer aux Allemands.

Le maréchal Bazaine se résolut à attendre les événements ; persuadé qu’une solution serait prochaine, il ne prit aucune mesure pour économiser les subsistances. Le maréchal avait donné dans sa carrière maintes preuves de courage, mais il manquait de l’élévation de caractère qui permet seule à un chef d’armée de se grandir à la hauteur de circonstances difficiles. Indolent, alourdi de corps, sans activité physique ni énergie morale, il se laissait aller à une sorte de fatalisme insouciant et n’avait pas le sentiment de ce qu’exigeait, en ce moment, l’honneur militaire.

Alors commença pour l’armée une longue agonie. L’ennemi ne tenta aucune attaque ; il se contenta d’établir un