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Le 8e et le 9e cuirassiers, et deux escadrons du 6e lanciers, se lancèrent à la charge contre l’infanterie ennemie, à travers les houblonnières.

On cultive le houblon en le faisant monter le long de grandes perches ; les chevaux s’embarrassaient dans ces perches. Cependant la charge passa comme un ouragan et vint s’engouffrer dans le village de Morsbronn, dont les rues étaient barricadées. « Semblable au bruit de la grêle, le son des balles résonnait sur les armures[1] ». Les cuirassiers furent anéantis ; un très petit nombre se rallièrent ; beaucoup furent tués ; le reste démonté et fait prisonnier.

Cette charge est restée comme l’exemple du plus héroïque dévouement et de la plus magnifique intrépidité.

Vers la fin de la journée, la division de cuirassiers de Bonnemains fournit une autre charge désespérée, vers l’aile gauche. Elle fut décimée avant d’atteindre les lignes ennemies.

La cavalerie française s’enorgueillit avec raison de ces faits d’armes qui témoignent de son dévouement et de sa valeur, mais le résultat n’a pas été en rapport avec le sacrifice. Cependant, quelques fractions d’infanterie réussirent à se dégager du combat.


Dans cette journée, les Français perdirent 4 000 prisonniers et 8 000 tués ou blessés. Les Allemands eurent plus de 10 000 hommes tués ou blessés[2].


Les Allemands étaient épuisés ; ils laissèrent l’armée française se retirer sans l’inquiéter. Le maréchal de Mac-Mahon hâta sa marche, passa les Vosges, puis la Moselle, et ses troupes furent ensuite transportées par chemin de fer au camp de Châlons, où elles se réorganisèrent.

  1. Général Bonie, La cavalerie en 1870.
  2. Il est très difficile de donner des chiffres exacts pour les pertes. Le lendemain d’un combat, on porte comme disparus et l’on considère souvent comme tués ou prisonniers des hommes qui se sont dispersés, et qui rejoignent plus tard.