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C’est moi qui te vengerai, continua-t-elle, en jetant de longs regards éperdus vers un grand portrait suspendu vis-à-vis de son lit, et où M. de Sauvetat, muet et pensif, semblait ne perdre aucun de ses mouvements.

— Ce soin nous regarde, Madame, dit M. Drieux. Quant à la coupable, ou pour mieux parler, celle que nous soupçonnons, elle est ici, dans votre maison, et c’est sa présence chez vous qui doit vous expliquer notre visite.

— Chez moi ?… Ici ?… interrogea Blanche en regardant autour d’elle avec une frayeur mal dissimulée. Mais cela ne peut pas être ; si on vous l’a dit, c’est une atroce calomnie ; nous n’avons que de vieux serviteurs qui m’ont vue naître : Bertrand, Jérôme, sa femme, Cadette, la nourrice de Marguerite ; ce sont les seuls qui, avec Marianne et moi, ont approché du lit de M. de Sauvetat. Je réponds d’eux comme de moi-même. Ah !… j’en étais bien sûre ! continua-t-elle avec un soupir de soulagement, la première assertion doit être aussi impossible que la deuxième ; tout est faux, horriblement faux.

— Non, Madame, dit à son tour M. de Boutin ; jusqu’ici tout fait craindre que la voix qui a parlé n’ait pas menti.

M. Drieux, le docteur Despax, M. Gaste et moi sommes allés demander à la tombe ses tristes mystères, et…

À ce moment, Blanche éclata de nouveau en sanglots et laissa tomber sa tête dans ses mains.

Le juge eut un mouvement de dépit involontaire, mais si fugitif que M. Drieux ne le remarqua point.

— Le docteur et M. Gaste sont convaincus qu’un crime seul vous a rendue veuve, reprit-il après une très légère hésitation.