Page:Ninous - L Empoisonneuse.pdf/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à une passion profonde, la tuera, plutôt que de la voir appartenir à un autre, qu’elle éloigne Jacques.

— Mais vous raisonnez absolument comme si vous aviez la preuve des relations existant entre Marianne et M. de Sauvetat, interrompit M. de Boutin ; pour moi, c’est une calomnie infâme.

— Pour vous, mais vous êtes le seul dans le pays. Du reste, cette preuve, je la trouverai, j’en suis sûr. Je continue.

Marianne a vainement essayé d’amener M. de Sauvetat par la douceur à cette idée de mariage ; lorsqu’elle a vu l’inutilité de sa persévérance, ne trouvant pas d’autre moyen, elle l’a tout simplement empoisonné.

Oh ! c’est une créature d’énergie et de résolution, une femme admirablement intelligente ; au dernier moment, les événements l’ont mal servie ; la vieille Annon s’est trouvée là mal à propos, voilà tout, conclut cyniquement le procureur.

— Comme vous arrangez tout cela, dit M. de Boutin avec un découragement tellement profond, qu’on aurait presque dit du désespoir ; mais c’est horrible !

Un étranger, quelqu’un qui ne connaîtrait pas Marianne comme je la connais, croirait que tout cela est vrai !

— Ainsi, vous doutez encore ? Attendez alors que l’affaire soit connue et vous verrez si beaucoup de personnes partagent votre opinion.

Du reste, qui avait intérêt, sinon elle, à se débarrasser de la victime ?

— Qui ? fit le juge d’une voix sourde ; n’y en a-t-il pas une autre ?…

— Une autre, une autre ! s’écria violemment M. Drieux, vous voulez peut-être parler de madame de