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Et, ajouta plus bas le comte avec un clignement d’yeux significatif, mes relations sont nombreuses là-bas ; notre famille serait encore bien en cour, si elle le voulait. Que pourra-t-on jamais refuser au gendre du comte de Moussignac-Beaucaire ?

Il n’en fallait pas tant pour griser M. Drieux.

Déjà, il se voyait millionnaire, écrasant de son luxe ceux qui, si cruellement l’humiliaient. Déjà il voyait son talent mis en relief, et, dans le lointain, peut-être apercevait-il la pourpre d’une cour d’appel illuminer l’horizon de son avenir !

Mais, ce qui n’arrivait pas, c’était la première chose exigée par le futur beau-père.

Il n’avait pas de chance, vraiment : pas un assassinat, pas un guet-apens. L’arrondissement méritait le prix Monthyon ; cela ne s’était jamais vu.

En vain il renouvelait ses instances auprès de M. de Moussignac, en vain il faisait parler en sa faveur par tous les amis de ce dernier, le comte demeurait intraitable ; ce qu’il avait dit était dit.

Et cependant M. de Beaucaire n’avait pas le droit d’être des plus sévères ; car si la proposition de la tante Aglaé avait été facilement accueillie, si le comte avait tendu la main si aisément au fils du paysan François, c’est qu’il y avait quelque raison pour cela.

Malgré sa naissance plébéienne, malgré ce que, dans un autre cas, on eût appelé son indignité, M. Drieux était le seul qui eût aspiré à la main de Louise de Moussignac-Beaucaire et à ses cinq cent mille francs de dot. Pourquoi ?

Le vieux seigneur, tout jeune, avait eu une de ces liaisons qu’on n’avoue pas.

On lui avait affirmé que deux enfants issus de cette union scandaleuse, étaient les siens.