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par quelques sourires d’incrédulité. Malheureusement pour lui, il n’en devait pas être toujours ainsi.

Il y avait à cette époque à Roqueberre un vieux marquis fort maniaque, très aimable avec cela, mais qui ne laissait jamais passer une gasconnade sans en faire justice.

Un jour, entendant M. Drieux parler d’un aïeul de sa mère qui avait été président de la République d’Andorre, le marquis regarda le jeune homme en face, et avec un sourire fin et railleur :

— Vous vous trompez, Monsieur, dit-il, vous êtes plus noble que cela.

M. Drieux, enchanté, s’inclina tout heureux, et, rougissant, répondit :

— C’est de ma tante que je tiens ces renseignements-là, mais elle est loin d’être aussi forte que vous en science héraldique, monsieur le marquis.

— Je le vois ; car vous êtes de race royale, Monsieur ! de vraie race royale !… sur ma foi !

Tout le monde se rapprocha.

M. Drieux, gonflé outre mesure était au moment d’éclater d’orgueil.

Autour de lui, les maigres hobereaux gascons enviaient déjà l’heureux procureur.

Mais tout à coup le marquis eut un sourire diabolique :

— Eh oui ! ne descendez-vous pas de François Ier ?

Un long murmure de satisfaction, les éclats d’une ironie bruyante acclamèrent le marquis, pendant que M. Drieux, la rage dans le cœur, s’inclinait de nouveau en essayant de cacher la brûlante morsure que son implacable orgueil venait de recevoir. Jamais, depuis ce jour, il n’avait remis les pieds au cercle.

Ceux qui avaient l’occasion de le voir de loin en