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— Nous ne pensions plus à la mort de M. de Sauvetat que pour le regretter, que pour plaindre sa femme…

M. Despax leva les yeux au ciel.

— Une sainte ! affirma-t-il.

M. Drieux approuva de la tête et reprit :

— Lorsque, ce matin, un témoin digne de foi est venu nous confier des faits qui m’ont paru d’une gravité assez singulière pour vous faire appeler. Il paraît, on certifie, que le cercueil de monsieur de Sauvetat, fermé le soir même de sa mort, aurait été ouvert trois jours après pour satisfaire au désir de sa fille, qui voulait revoir et embrasser une dernière fois son père.

Le cadavre, loin de présenter le spectacle repoussant de décomposition avancée, auquel on devait s’attendre, surtout ayant séjourné dans une chambre très chaude ; était au contraire dans un état de conservation telle, qu’une femme du peuple habituée à veiller les morts en a été frappée, au point de crier au miracle.

Un homme honorable, expert en matière de chimie et qui a entendu le récit de la personne témoin du fait, en a tiré la conclusion que le poison seul pouvait amener un résultat pareil. Est-ce votre avis, docteur ?

M. Despax hésita ; c’était un homme qui se décidait péniblement à émettre une idée catégorique.

M. Gaste entrait sur ces entrefaites, le procureur recommença l’exposition qu’il venait de faire et renouvela sa question.

M. Gaste était un savant ; toute une vie passée dans les hôpitaux de Paris, sur des livres de science, ou au milieu des expériences les plus compliquées, lui donnait une autorité aussi méritée qu’indiscutée.

— C’est au moins une très sérieuse présomption, et