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Les yeux fauves de M. Drieux s’allumèrent, une nuance colora ses traits blafards.

— Voyons, demanda-t-il.

Tout au long M. Larrieu raconta le récit de la vieille garde.

En l’écoutant, une expression de découragement remplaça l’impatience qu’on voyait sur le visage du procureur.

— Ah ! ah ! fit-il, elle est bien bonne, cette histoire-là, vous croyez donc aux miracles, mon cher, vous aussi ?

— Pas le moins du monde, mais je crois à certains phénomènes que le hasard découvre et que la science explique.

M. Drieux tressaillit des pieds à la tête.

— Que voulez-vous dire ? interrogea-t-il ; je n’ose comprendre.

— Vous le savez, continua le minotier, je m’occupe beaucoup de chimie ; à Paris, j’ai fait pas mal d’expériences avec le docteur Rousseau, dont la science est connue, en matière de toxicologie surtout.

Auprès de lui, j’ai vu les effets de certains sels de plomb, de l’arsenic, du fer même, et je puis vous certifier, si le récit d’Annon est exact, que…

— Que… ? fit M. Drieux dont l’agitation était extrême.

— Que M. de Sauvetat est mort empoisonné, formula M. Larrieu d’une voix nette et catégorique.

Le procureur se leva d’un bond.

— Vous dites que M. de Sauvetat est mort empoisonné, répéta-t-il en scandant chacun de ses mots ; vous me l’affirmez, vous ? Allons donc !

— Pardon, cher monsieur, reprit l’autre, la nouvelle est assez grave pour que je n’affirme rien. Je vous pré-