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quées le récit de la garde, il tisonnait les grandes bûches de l’âtre.

Par moments ses sourcils se rapprochaient ; évidemment une pensée fatigante s’était emparée de son esprit et l’absorbait.

Vers minuit, chaque ménagère emporta sa quenouille d’une main, sa petite lampe de l’autre, et se dirigea vers son logis, s’entretenant avec son mari ou sa voisine de la chose merveilleuse dont nul ne doutait.

M. Larrieu, sans affectation, attendit la vieille garde et s’arrangea pour l’accompagner chez elle.


VI

UNE NOUVELLE INATTENDUE


Le surlendemain matin, vers dix heures, le minotier entrait, dans le cabinet de M. Drieux, procureur impérial à Roqueberre.

Celui-ci étendu devant son feu, fumait en lisant son journal. Son visage portait l’empreinte d’un profond ennui.

— Tiens, c’est vous, M. Larrieu, fit-il en reconnaissant le nouveau venu, comme vous êtes aimable de vous souvenir des amis.

Le meunier s’inclina et serra la main qui se tendait vers lui.

— Quoi donc de nouveau en ville ? reprit le procureur, car votre visite a bien certainement un but, n’est-ce pas ? Que venez vous m’apprendre ?

— Peut-être rien, peut-être quelque chose de très grave.