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Toutes les sympathies, tous les cœurs volaient vers elle.

Elle s’appuyait sur une jeune femme de son âge environ, aux yeux bleus, à la distinction souveraine. Sa longue robe de soie noire balayait, mate et superbe, les branches de buis et les feuilles de roses blanches qu’on avait jetées à profusion sous les pas de Marianne.

En ville on ne l’avait jamais vue ; Marianne et Jacques avaient refusé de dire son nom.

— Penseras-tu à moi dans ton bonheur ? demandait-elle tout bas à la fiancée de Jacques.

— Notre amitié, Aimée, répondait celle-ci, n’est pas de celles que l’absence ou le temps détruit.

— Viendras-tu me voir ?

— Souvent. Mais pourquoi ne demeurerais-tu pas avec nous ?… Les étroitesses de cette vie claustrale ne vont guère à ta nature généreuse et intelligente.

— Je ne les subis pas, et je fais du bien ; j’accomplis simplement un des vœux de celui que je pleurerai toujours.

La mystérieuse compagne de Marianne était, en effet, madame de Ferreuse, qui avait voulu assister au bonheur de son amie.

Quelques jours avant le mariage, Aimée, d’accord avec Jacques, avait doté toutes les détenues libérées cette année-là.

Le jeune homme, par son entremise, leur avait donné à chacune une petite fortune.

On parla beaucoup à Roqueberre de cette pâle et belle inconnue, qu’on nomma la duchesse.

On remarqua surtout que, tout le temps de la cérémonie, elle pleura à chaudes larmes, comme l’aurait