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— C’est égal, disait M. Drieux, toutes les apparences étaient bien contre Marianne ; pourquoi n’a-t-elle pas parlé ?

Depuis un instant, cette dernière ne voyait plus ni n’entendait plus ce qui se passait autour d’elle ; anéantie, elle considérait ce lit où était mort son frère ; on aurait dit qu’elle l’apercevait là couché, raide et froid, visible pour elle seule.

Elle avait les mains jointes, ses paupières étaient gonflées de pleurs, ses lèvres murmuraient des paroles de regret et de douleur.

Tout à coup, un cri effrayant, terrible, désespéré, un appel inénarrable d’angoisse et de souffrance se fit entendre ; puis un long éclat de rire retentit en même temps, un éclat de rire strident, prolongé, horrible.

Tous les assistants se précipitèrent par la porte restée ouverte et coururent vers la chambre de madame de Sauvetat, où l’éclat de rire continuait…

Ils entrèrent.

Un spectacle terrifiant s’offrit à leurs yeux.

Blanche était étendue par terre, pâle et livide ; elle semblait inanimée ; par une large blessure qui apparaissait au-dessus de la clavicule gauche, tout son sang s’échappait.

M. de Boutin se pencha vers elle et la souleva dans ses bras.

Elle entr’ouvrit les paupières.

— J’ai tué, murmura-t-elle, on m’a tuée… justice !…

Elle se raidit, son sang s’arrêta : la carotide avait été tranchée net ; ses yeux dilatés par l’épouvante, demeurèrent ouverts, aucune main ne s’approcha pour les fermer.

Georges, un couteau-poignard à la main, gesticulait au milieu de la chambre.