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tous vos anciens amis se seraient pressés chez vous, aux fêtes nouvelles que vous auriez données.

Vous auriez vécu tranquilles, considérés, heureux, oui, heureux, car le remords n’entre pas dans des cœurs faits de fange et de boue comme les vôtres.

Mais il y a une suprême justice, et c’est elle qui a permis que je sois là pour vous dévoiler, moi, la vengeresse !…

Monsieur le procureur, voilà les preuves que je vous ai promises, le manuscrit et la déclaration de mon père, celle de mon frère ; faites votre devoir !…

— En voici une autre, dit M. de Boutin en s’avançant à son tour.

Lorsque vous ne vouliez pas parler, Mademoiselle, je cherchais tout seul à prouver votre innocence.

Durant la première enquête, nous nous étions en vain demandé où avait été acheté l’extrait de Saturne dont s’était servie l’Empoisonneuse.

Il me semblait, j’étais même sûr, que là était le nœud de l’affaire.

En effet, de la personne qui avait procuré le poison à celle qui l’avait administré, quelle légère distance à franchir et quelles données facilement retrouvées !…

Aujourd’hui, je sais qui a vendu et qui a acheté l’acétate de plomb : je ne me trompais pas !

Blanche, enfouie dans son fauteuil, anéantie, perdue, dissimulant ses traits et son visage, eut, à ces mots, un tressaillement profond.

— Un jour, continua le juge, des taches apparurent sur le visage de madame de Sauvetat. C’était le commencement de la suprême justice dont vous parliez tout à l’heure.

Un homme éminemment instruit et loyal, Orphée Labarthe, m’assura que ces taches étaient la manifes-