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puisque vous n’aviez, en vous mariant, que des dettes criardes que votre femme a dû cautionner d’abord, payer ensuite.

Ah ! vous vouliez le luxe, le confortable, les joies de la vie ! Les richesses de cette grande maison vous ont séduit, et vous avez trouvé qu’un empoisonnement, que nul ne connaîtrait, n’était pas un trop lourd paiement de toutes vos convoitises assouvies ! n’est-il pas vrai ?

— Je n’ai rien su, je n’ai rien appris, s’écria Georges avec d’ardentes supplications ; c’est elle qui m’a poursuivi, qui a voulu notre liaison ; je n’osais pas, moi, je vous le jure.

— Je ne vous crois pas, répondit Marianne impitoyable, vous êtes un lâche et un menteur ! Vous ne saviez pas… belle défaite !

Vous ne saviez pas non plus que Marguerite vous aimait, n’est-ce pas ?

Vous ne vous en êtes pas aperçu, durant dix-huit mois que vous êtes venu ici chaque jour ? Est-ce que les hommes ont l’habitude d’être aveugles devant un amour de seize ans qui ne sait ni se cacher, ni se dissimuler ?

Non, vous aviez tout vu et tout compris, mais, implacable comme votre complice, vous avez eu le courage d’assister aussi muet et aussi impassible qu’elle à l’agonie de cette pauvre petite.

Oh ! ma fille ! ma fille !… ils avaient compté sans moi, les monstres, sans moi, ta mère !… Mais si je n’ai pu veiller, je te vengerai !

Quel malheur pour vous que je ne sois pas morte, autrefois, de désespoir et de honte ! Nul ne serait venu alors vous reprocher votre forfait !…

Nulle voix ne se serait élevée pour demander justice ;