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Blanche le regarda un instant avec une indéfinissable expression.

— C’est si sûr, prononça-t-elle enfin lentement, que votre fille aime déjà M. Larroche : demandez-le lui.

M. de Sauvetat se mit à réfléchir.

Il venait de surprendre le regard de sa femme. Avec lui, une indicible souffrance était entrée dans son cœur.

— Je n’ai pas le droit de douter de votre parole, dit-il au bout de quelques instants de silence. Je vais envoyer chercher Marguerite par Bertrand. Promettez-moi de ne pas essayer de lui écrire ou de la voir avant moi. Si elle aime M. Larroche, malgré la différence de position et de fortune, je les marierai dans quinze jours.

Blanche ne sourcilla pas. Elle promit tout ce que demandait son mari.

Le surlendemain matin, Marguerite arriva.

C’était vrai, elle aimait Georges Larroche.

Hélas ! M. de Sauvetat ne m’a jamais appris le secret de sa fille !… Peut-être ne prit-il pas au sérieux l’affection naissante de Marguerite, peut-être eut-il peur en me la dévoilant, que mon dévouement lui cachât la vérité, et essayât à tout prix de pallier la situation. Je l’aurais fait.

Toujours est-il que je ne soupçonnai pas l’amour de ma pauvre petite. Ah ! si je l’avais pressenti ou deviné !…

Elle repartit pour Bordeaux. À mon retour de la campagne, je crus qu’elle était venue faire une de ses visites hebdomadaires ; je regrettai de ne pas l’avoir vue, rien de plus.

Cependant Lucien ne pouvait me dissimuler longtemps ses préoccupations et son désespoir, il m’en parla.