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— Non, s’écria-t-elle, je ne me tairai pas aujourd’hui, ne peux plus me taire ! Ah ! parce qu’autrefois j’ai été généreuse, et que je n’ai pas voulu accabler ceux qui l’auraient mérité, vous croyez qu’il en sera toujours ainsi ? Vous vous trompez, je n’ai plus de fille pour laquelle il faut sauvegarder l’honneur du père ; je parlerai, et lorsque j’aurai fait connaître les infamies qui se sont passées sous mes yeux, sous les yeux de Marguerite, lorsque j’aurai dévoilé tous ces mystères de honte, lorsque j’aurai dit ce que j’ai souffert, nous verrons s’il y a encore sur terre une seule personne pour me croire coupable !…

— Oui, il y en aura une, et ce sera moi !… dit tout à coup une voix profonde et grave.

Le procureur et Jacques s’écartèrent vivement.

Derrière eux, une jeune femme était debout, pâle, sévère, vêtue de noir.

Ses yeux sombres brillaient pleins d’éclairs, son bras droit était tendu en avant ; en la voyant, on aurait dit la Némésis antique.

— Marianne s’écrièrent-ils tous, stupéfaits et presque épouvantés.

— Oui, Marianne, que j’ai fait sortir de sa prison, dit M. de Boutin, pour servir de témoin à la justice ; Marianne, qui aujourd’hui se décide enfin à parler !

Blanche eut un éclat de rire satanique.

— La maîtresse de mon mari ! fit-elle. Oh ! arrière ! je vous chasse !…

— Pourquoi mentez-vous, à cette heure, et devant moi, Blanche d’Auvray ? répondit Marianne, calme et terrible ; en votre âme et conscience, vous savez bien que je me nomme Marianne de Sauvetat, et que je suis la sœur de votre mari !

— Sa sœur ! répétèrent toutes les voix en une seule.