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— Pas à mes pieds, mon ami, dit-elle, ce n’est pas la place du maître.

Il couvrit de baisers ses mains et ses bras, qu’elle ne retira pas.

— Répondez-moi, insista-t-il, pouvant à peine parler, quand porterez-vous mon nom ?

Elle sourit.

— Demandez-le à M. de Sauvetat, il le sait ; c’est lui qui doit décider. Il a, du reste, bien des choses à confier à mon mari, continua-t-elle au bout d’un instant avec une sorte d’embarras.

— Vous faites allusion à votre naissance, Marianne, interrompit Jacques ; je ne veux rien apprendre que de votre bouche, je vous l’ai déjà dit. Pauvre chère enfant, qui croit que je veux être cause d’un seul instant pénible pour elle ! que je puis désirer l’ombre d’une confidence embarrassante. Non, non, ma femme seule, entendez-vous, me confiera ses secrets, si elle me croit digne de les partager. D’ici là je ne veux savoir ni qui est mon trésor, ni d’où il me vient. Agir autrement me semblerait une profanation.

Elle laissa tomber sa tête sur l’épaule de son fiancé.

— Merci, fit-elle d’une voix à peine distincte, vous avez compris : que vous êtes bon !

Et elle éclata en sanglots.

Jacques laissa couler sans les essuyer ces belles larmes ; un instinct secret lui disait qu’un amer souvenir s’en allait avec elles.

La voix claire de madame de Sauvetat, qui appelait Marianne, les éveilla tous deux.

— Adieu ! dit Jacques, à bientôt, n’est-ce pas ?

— À toujours, répondit-elle de sa voix profonde.

Et elle disparut.

Le jeune homme devait repartir le lendemain à midi pour Auch.