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en ridant légèrement le dessus des massifs en fleurs, apportait le parfum pénétrant et doux des dernières glycines et des premiers boutons d’orangers.

Autour d’eux, dans les buissons épais, un bruit léger de battements d’ailes faisait deviner les nids.

Dans le bleu sombre du ciel, la lune paresseuse ne se montrait pas, mais des millions d’étoiles scintillantes envoyaient sur la terre une lueur voilée et indistincte.

Ils étaient assis tous deux sur un banc de pierre abrité par un buisson de clématite et un églantier rose aux fleurs odorantes.

Elle était vêtue d’une robe blanche toute simple, mais qui dessinait sa taille souple ; ses bras nus, beaux et purs comme un marbre antique, étaient enserrés aux poignets par de délicats bracelets en filigrane d’argent.

Elle avait abandonné sa main à Jacques, et tout près l’un de l’autre, dans le grand silence de la nuit, silence que nul bruit extérieur ne troublait, ils écoutaient leur cœur parler.

Ce qu’ils se disaient ainsi tout bas devait être à la fois bien doux et bien dangereux, car le jeune homme sentit le besoin, au bout d’un instant, de secouer l’enivrante torpeur qui le gagnait.

— À quand mon bonheur ! Marianne ? murmura-t-il en entourant sa taille frêle de son bras.

Elle fixa sur lui ses grands yeux alors si alanguis et si tendres, que Jacques ébloui se laissa glisser à ses pieds.

— Ô ma femme adorée, dit-il, je t’aime !

Elle ne fronça pas ses beaux sourcils comme il le craignait, mais le relevant avec un geste d’une grâce irrésistible :