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Celle-ci avait fait des visites dans la journée, elle n’était pas déshabillée.

À demi étendue sur une chaise longue, elle soulevait le bord de sa robe de son pied impatient.

— Enfin, dit-elle à Marianne d’un ton rude, ces tête-à-tête avec Jacques vont-ils bientôt finir ? Ils me déplaisent.

— Comment dites-vous cela ? fit Marianne ; je ne dois pas comprendre, sans doute. Vous savez bien que mon frère a autorisé M. Descat à venir ici aussi souvent qu’il le désirerait.

— Même au milieu de la nuit ?…

Marianne tressaillit ; elle regarda la pendule, qui marquait neuf heures et demie.

— Est-ce que c’est cette heure-ci que vous appelez le milieu de la nuit ? demanda-t-elle. Il n’est pas dix heures. Ordinairement, nos veillées sur la terrasse se terminent beaucoup plus tard. Du reste, pourquoi n’êtes-vous pas descendue ? Vous savez bien que vous n’êtes pas de trop entre nous.

— Ah je vais donc être obligée de te garder maintenant !

Marianne, impatientée à son tour, releva la tête.

— Je n’ai pas besoin de garde, répliqua-t-elle ; si vous essayez de me faire de la peine, vous tombez mal. Et puis, je me marie avant un mois, je n’aurai plus à vous ennuyer de ma présence ici.

Tout à coup Blanche se renversa, elle tordit ses mains, et, éclatant en sanglots :

— Pardonne-moi, dit-elle, je souffre.

Marianne ne tenait jamais rancune devant une bonne parole.

Elle revint vers sa belle-sœur.

— Mais qu’avez-vous donc ? Voyons, Blanche, ce