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vaillante et forte ? Voyons, danse le rondeau comme Cadette.

Et la mignonne, pour plaire à madame de Sauvetat, ramassa ses jupes et sauta en cadence, pendant que ses jambes brisées par la fièvre la soutenaient à peine.

M. de Sauvetat, presque rassuré, la fit mettre au lit devant lui, et s’endormit moins inquiet.

Au milieu de la nuit, Marianne, qui ne s’était pas couchée, fut obligée de réveiller le pauvre père : Marguerite râlait.

Quinze jours le terrible fléau les fit tous passer par des alternatives atroces de douleur et d’espoir ; madame de Sauvetat avait des attaques de nerfs chaque fois qu’elle entrait dans la chambre de sa fille ; Lucien dut exiger qu’elle n’y mît pas les pieds.

L’enfant ne parlait pas ; de temps à autre une toux rauque et toute particulière déchirait sa poitrine, puis une suffocation l’étreignait ; Marianne la pressait alors dans ses bras, la berçait, endormait ses douleurs ; ah ! si elle avait pu lui donner sa vie !…

Le médecin qu’on fit venir de Toulouse, M. Estevenet, une célébrité du Midi, la sauva sans doute, car elle finit par entrer en convalescence.

Mais elle demeura faible, languissante, étiolée ; il lui resta de cette épouvantable secousse de longues oppressions nerveuses, qu’il fallait surveiller et soigner ; Marianne s’en chargea.

Du reste, de ses soins et de ses fatigues, elle était payée.

La première fois que Blanche se sentit le courage de monter auprès de sa fille, celle-ci, soit saisissement de revoir sa mère, soit faiblesse ou tout autre cause, eut une de ses hallucinations habituelles maintenant.

M. de Sauvetat était absent.