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— Que ne ferais-je pas pour te plaire ! murmurait-elle à son oreille.

Lui, dans sa loyauté confiante, croyait à ces protestations et se trouvait trop heureux de la perle qui lui était chue en partage.

La vérité était qu’en dehors de son mari, elle ne se préoccupait jamais de Marguerite.

Les adorables tracasseries de l’enfant l’agaçaient outre mesure, elle l’embrassait à peine, elle ne l’aimait pas.

— Cette petite est un vrai tourment, disait-elle à Marianne lorsqu’elles étaient seules ; emporte-la ; je ne la veux pas autour de moi, elle me rend malade.

Et Marianne, aussi bien fixée sur l’amour maternel de Blanche qu’elle l’avait été sur sa tendresse filiale, ne se faisait pas répéter la recommandation, heureuse qu’elle était de garder pour elle seule sa chère mignonne.

Cependant, autant madame de Sauvetat était douce, d’humeur égale, de composition facile en présence de son mari, autant, durant les absences de celui-ci, elle devenait inquiète, exigeante et quinteuse.

On devait la laisser seule dans ses appartements, et sous aucun prétexte ne la déranger dans ce qu’elle appelait ses crises de misanthropie.

Marianne respectait les volontés de sa fantasque belle-sœur ; trop enfant alors et trop pure pour connaître la vie telle qu’elle est, elle attribuait ses caprices à un caractère difficile, à peine contenu en présence de M. de Sauvetat, et elle ne cherchait pas à en savoir davantage.

Du reste, à part Marguerite, qui occupait la moindre parcelle de son temps, un autre élément de bonheur était entré dans la vie de l’étrangère.

Jacques Descat habitait Auch, où il faisait son stage